l'école une télévision à chaîne unique ?
Lu cet article de Bruno Devauchelle sur Veille et Analyse TICE:
" Quand enfant, dans les années 1960 on regardait la télévision, nous n’avions qu’une unique chaine. De l’ouverture de l’antenne à sa fermeture, car elle ne fonctionnait pas pendant la journée, sauf pour des cours à distance du CNAM et du CNTE, nous devions nous contenter de voir défiler devant nous une suite d’émissions pré programmées par des professionnels. Les chaînes se sont bientôt multipliées et est alors apparue la possibilité de « zapper », de passer d’une chaine à l’autre. Les possibilités offertes par le développement des magnétoscopes grand public ont permis d’envisager une autre façon d’aborder la télévision. En passant d’un flot continu à la possibilité de choisir d’enregistrer et de regarder en différé, voire même d’acheter des cassettes pré-enregistrées, on est entré dans de nouvelles manières de faire, mais finalement assez peu exploitées.
L’avènement de l’informatique et la convergence vers ce qu’on appelle aujourd’hui le numérique, ont amplifié cette évolution. Phénomène social nouveau, la télévision s’est trouvée un concurrent qui non seulement diffuse aussi des vidéos, mais en plus permet de nombreuses possibilités d’enrichissements et ou d’interactions. Le niveau de fréquentation des serveurs comme Youtube(R) ou Dailymotion (R) et la mise en ligne sur Internet des chaines de télévision et les possibilités de visionnement en différé bouleversent les manières d’être spectateurs, d’ailleurs ce mot est-il désuet et à inusiter pour ce nouveau rapport aux supports.
L’évolution a donc permis de transférer progressivement à l’usager la responsabilité de ce qu’il voit. Aujourd’hui, le contrôle presque total est possible, allant même jusqu’à permettre non seulement le choix de réception, l’interaction avec l’auteur, mais aussi le droit de concevoir et diffuser ses propres oeuvres. En d’autres termes, nous sommes en capacité d’être, chacun de nous, notre propre fabricant de télévision et même bien davantage, des « translittérateurs ». Certains ne s’en privent pas, même si l’immense majorité se contente de « regarder », de « consommer ». Le monde marchand libéral, qui est le principal porteur de cette dynamique appuyée par les TIC, a bien compris que si d’une part on ouvrait des possibles, d’autre part, il y a une priorité qui est d’amener à consommer. Cette tension entre deux pôles, libérer et aliéner, n’est pas nouvelle, mais une page différente est en train de s’écrire." [...]