Moteur PE...

 

Publié par alain l. et J.P Villebremar

Équinoxe

 

ce 21 septembre 2019, jour de l'équinoxe d'automne, à l'heure de l'étale de haute mer.

A quai, le paquebot « Silverside ». Un peu en aval, sur la Garonne absolument plate et grise, absolument immobile, une coquille vide.

 

Une coquille vide à l'étale de haute mer.

Une coquille qui se souvient.

 

Exactement au même endroit était amarré le Léningrad, arraisonné dans les années soixante ou

soixante et dix ; il est resté à quai pendant des mois. L'équipage jouait aux cartes pour tuer le temps.

 

Le temps a fini par mourir.

 

Sur la plage avant joue une petite fille aux tresses d'or.

Un garçon aux yeux jaunes.

Un instant la coquille vide oublie qu'elle est vide ; le petit garçon lui prend la main et la secoue.

« Coquille, ramasse mon ballon pour jouer ».

La coquille vide lève les bras et joue. Cela n'étonne pas le petit garçon aux yeux jaunes.

Ni la petite fille aux tresses d'or.

Cela se passe souvent ainsi sur les quais de Garonne, personne ne se souvient pourquoi, mais la

coquille vide sait : c'est à cause du Léningrad.

 

Arraisonné en 1960 ; il est resté à quai plusieurs mois. L'équipage jouait aux cartes pour tuer le temps,

le temps a fini par mourir.

Moi aussi pense la coquille vide, je finirai bien par jouer aux cartes un jour.

 

Je suis une coquille vide à l'étale de haute mer.

Une coquille immobile ; qui flotte ; je la suis du regard.

Je suis une coquille vide du regard.

Je suis une coquille vide, à l'étale de l'équinoxe d'automne.

Une coquille qui ne souffre pas.

Qui se souvient.

Un coeur battant qui ne sait pas pourquoi il bat, ni pour qui ; mais il sait qu'il doit battre encore.

 

Autour a commencé le grand dérangement des choses, le grand dérangement des êtres.

Le grand dérangement du monde.

Le Léningrad a levé l'ancre, rejoint les Bassins à Flot, où il serait encore aujourd'hui s'il restait un

semblant de Bassins à Flot.

 

Ils ont tué les Bassins à Flot. Désarmé le Léningrad.

La petite fille aux tresses d'or est partie ; aussi, le garçon aux yeux jaunes.

Je suis une coquille vide exposée aux pluies de l'automne, un jour d'équinoxe, à l'étale de pleine mer.

 

Garonne.

Coule mon fleuve, enfle mon océan de ta houle, étends tes bras jusqu'aux sables de Cordouan.

Appelle-moi.

Appareille le Silverside vers le passage du Nord Ouest.

 

Villebramar, 28 septembre 2019

2h29/14h20

Équinoxe
avec un grand merci pour la publication
amitiés
--
Jean Pierre Villebramar   Auteur de poésies, Editions L'Harmattan Paris
photo
Mobile : 06.81.05.
Site Editeur : L'Harmattan Paris
Addresse : Pessac, Nouvelle Aquitaine, France
   

 

Les Articles du Réveil vous sont proposés

sous licence Créative Commons 4.0 International.

 

   Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions

Voir le Résumé Explicatif | Voir le Code Juridique

PUB   N'hésitez pas à vous abonner au blog pour être informé(e)s au fur et à mesure des nouvelles parutions...
 

Pourquoi  de la Publicité    sur Le Réveil ?

                     Ce blog respecte la charte :

(Cliquez sur le logo pour en savoir plus...)

Les commentaires sont modérés  à posteriori cool ...

 Aujourd'hui   le Réveil est  ? dans le Top des Blogs  d'Overblog... 

Merci à vous Lectrices et Lecteurs Fidèles ou Occasionnels ...      

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article