Un jour (...)
Un jour
« cela ne se crie pas sur les toits, il est inconvenant de laisser la porte ouverte ou d'appeler des témoins »
A Breton
Un jour
où nous avions perdu nos corps
aussi nos âmes, tu as mis
dans une bouteille un message et tu l'as lancée à la mer, sachant
que jamais elle n'arriverait nulle part, et je cherchais
des bouteilles de nulle part.
Un jour
tu m'as donné rendez-vous
au Québec. Mais tu n'es pas venue.
Puis ailleurs.
Mais tu n'es pas venue non plus ce jour
Un jour
nous étions deux, en route vers un même rendez-vous, tu portais
une robe longue, j'ai trouvé que tu étais jolie
j'ai su
qu'un jour tu me plairais
ayant ôté ta robe longue, un jour
puis, étant deux autour
d'une table d'un café de supermarché, j'ai su :
tu me plaisais.
Un jour j'ai pris
mon courage à demain ai demandé
si un jour nous ferions l'amour et tu as dit :
« probablement ».
Lors sont venus pluies et brouillards j'ai demandé et tu as dit : oui, puisqu’il pleuvait et que dehors
le brouillard était froid et gris et qu'il n'y avait rien d'autre à faire
que l'amour.
Huit ans passés. Il est
trois heures du matin, et c'est le neuf décembre. J'ai hâte de te voir. Tout à l'heure. Te serrer dans mes bras, te serrer fort, très fort, si fort que nous en oublierons la pluie d'automne ; ce jour ; et ce sera
le neuf décembre.
Pessac, 10/12/2014
« l’étreinte poétique comme l'étreinte de chair, tant qu'elle dure, défend toute échappée sur la misère du monde »
A Breton