j'ai décidé de vivre... (7)

(Le membre fantôme).
A plusieurs reprises j'ai proposé à Muriel de partir si elle le désirait, d'aller vivre avec quelqu'un de normal. A chaque fois , elle est restée.
Mes questions sont appelées à demeurer sans réponse. Je sais seulement qu'en sortant de l'hôpital je devrai faire un séjour de longue durée dans un centre de rééducation et d'appareillage près de Paris. Dans le même temps, cette nouvelle me "booste" et me terrifie.
Car l'hôpital est aussi une "bulle" où, contre toute attente, on s'habitue à être dorloté, entouré, assisté, de telle sorte que l'on finit par s'y sentir en sécurité.
Je sais maintenant qu'il y aura un après, alors je m'accroche, avec cette énergie si neuve et époustouflante qu'elle fait peur à mes proches, par exemple lorsque je leur demande péremptoirement de se renseigner sur tout ce qui se fait en matière de prothèses...
Les pauvres, ils ne sont pas au bout de leurs surprises: peu de temps après, je leur annonce ma décision de faire de la
plongée sous-marine et de reconduire une voiture – d'où la nécessité de prothèses.
Extrait du livre de Philippe Croizon: "J'ai décidé de vivre"
Jean Claude Gawsewitch Editeur
Publié avec l'autorisation de l'auteur